1er juin

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1er juin

L'Histoire
Lundi 1er juin

A l’aube une colonne a pris la route de l’ouest. Elle se dirige vers Rotunda Segnali.
Nous avons eu aujourd’hui la visite du Général de Larminat qui a félicité la garnison de la brillante résistance opposée à l’ennemi. Le Général connaît bien Bir-Hakim où il est resté plusieurs semaines alors que la division organisait la défense de la place et que certains éléments effectuaient des opérations de colonne en direction de Mechili sous le commandement du général Koenig. Il a dû avoir plaisir à constater l’excellence du dispositif , à la conception duquel il a pris une part personnelle.
Pendant la journée, Bir-Hakim a servi de cible aux bombardiers allemands qui cherchent sans doute à venger la défaite subie par la division Ariete et les quarante-huit tanks dont les carcasses calcinées jonchent la plaine à l’Est du camp. Ce furent surtout des Stukas qui vinrent rendre visite à la brigade, lançant des bombes de 500 kilos qui faisaient dans le sol d’énormes entonnoirs de cinq à six mètres de diamètre. Deux de ces bombes ont encadré à dix mètres un camion dont la carrosserie et tout ce qui était à l’intérieur a été tordu et lacéré par la déflagration. Le châssis et le moteur, qui étaient au-dessous du niveau du sol , car le véhicule était garé dans un trou, n’ont subi aucun dégât. Fait curieux, le moteur a été mis en marche par le déplacement d’air.



Un stuka abattu


Les fusiliers marins, au lieu de passer un examen en fin de cours, ont eu une chance de montrer que les leçons leur avaient profité. Quatre de leurs Bofors accompagnent la colonne et ici, à Bir-Hakim, les autres, par leur feu nourri et bien ajusté, interdisent aux avions ennemis de descendre assez bas pour choisir les objectifs avec précision.


Un canon anti-char

A dix-huit heures, alors qu’un bombardement était effectué par vingt-quatre Stukas, l’un piqua droit sur une pièce de D.C.A ; quoique directement attaqués, les sept fusiliers marins qui servaient la pièce continuèrent à tirer. Le Stuka n’était plus qu’à deux cents mètres et lâcha sa bombe ; les servants auraient dû se jeter à plat ventre mais comme des marins habitués à combattre sur le pont de leur navire où il n’y a pas d’abri possible, ils continuaient debout à tirer sur l’avion qui remontait en chandelle. La bombe tomba à deux mètre de l’emplacement de la pièce ; l’explosion faucha les servants, tordit le tube ; l’affût qui était au-dessous du niveau du sol et les quatre roues qui le portaient étaient intacts.

Sans relâche les détachements légers ont patrouillé dans les environs de Bir-Hakim ; le désert était calme mais ce calme avait un côté étrange. Le désert n’avait pas son aspect habituel. Etait-ce le matériel abandonné ? Les automobiles allemandes et italiennes à peine endommagées et laissées sur place ? Ou bien le réseau que dessinaient sur le sol les traces toutes fraîches des chenilles des tanks ? Le silence et le calme du désert paraissaient, le 1er juin, chargés de menaces et trompeurs. On sentait confusément des présences proches ; les marques de la bataille n’étaient pas encore entrées dans le passé ; l’atmosphère était celle d’un entracte.

La colonne est arrivée dans la soirée à Rotunda Segnali où ne se trouvait qu’un léger détachement ennemi. Attaqué, il a battu en retraite. Au cours de l’engagement, un char adverse a été détruit. Quelques semaines auparavant, le plateau de Segnali était occupé par des forces considérables, défendu par des batteries d’artillerie lourde ; le 1er juin, il était pratiquement abandonné ; la mobilité et les déplacements fréquents sont une caractéristique de la guerre dans le désert. La colonne traversa sans perdre un seul véhicule les champs de mines qui entouraient la position de Segnali.
Dans la nuit l’ordre donné à la brigade de se porter en avant fut annuler par un contre-ordre : demeurer à Bir-Hakim et résister sur place.

A ce jour, 143 militaires français sont morts pour la France en Afghanistan, en Somalie, au Mali ,au Levant et en Centrafrique
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